"Et nous, nous avons connu l'amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru."
1 Jn 4, 16
Au soir du 14 janvier 2005,
Sœur Marie-Thérèse du Saint-Esprit
Marie-Thérèse de Metz a remis paisiblement son souffle entre les mains du Père.
Enfin, ses yeux se sont ouverts sur le Visage que, de plus en plus, elle désirait contempler. Ne nous avait-elle pas confié : "Je verrai Dieu. Juste le temps de lui dire « oui », et comme on ne peut le voir sans mourir, je tomberai dans ses bras."
Née le 31 octobre 1908, dans une famille de noblesse et d'épée, elle perd son père très tôt, à la guerre de 14. Il était capitaine d'artillerie. Précédée de deux frères, suivie de deux autres - j'ai cinq garçons dont une fille, aimait à dire sa mère - elle a un caractère bien trempé et va droit son chemin. Après des études de philosophie, elle entre en 1933 au Carmel de Verdun, pour la fête de Sainte Thérèse. Lorsqu'elle apprendra, plus tard, qu'Edith Stein entrait à la même date au Carmel de Cologne, elle en éprouvera une joie toute particulière.
Très discrète sur elle-même, elle était avare de confidences. Mais elle dira un jour à ses novices : "Je savais que je ne me donnerais totalement qu'à Celui que je pourrais aimer jusqu'à l'adoration."
Sur le chemin abrupt du Mont Carmel, la formation vigoureuse et bonne de Mère Germaine de Sonis, puis les responsabilités successives dont elle se vit très tôt chargée - maîtresse des novices, prieure, conseillère puis présidente fédérale, présidente de la CRCC (devenue le SDM) - imprégnèrent progressivement de douceur, de patience, d'humilité et de longanimité, le tempérament de chef qu'elle gardera jusqu'à la fin, de même que son humour indéracinable ! Une de ses plus grandes joies fut la fondation du Carmel de Brazzaville à laquelle elle donna tout son appui en encourageant le départ de notre Sœur Michelle ; depuis, elle n'a cessé de soutenir la communauté grandissante.
Le 12 août 2004 marque le début d'hospitalisations successives qui entraîneront Sœur Marie-Thérèse dans un va-et-vient entre la clinique et le monastère, puis l'hôpital. La maladie la trouve de plus en plus simple, confiante et responsable, sortie d'elle-même et désireuse de ne pas peser. Lucide sur son état, elle coopère de toutes ses forces avec le personnel soignant, et s'abandonne totalement à l'amour du Père.
A sa prieure, elle confie un message pour la communauté qu'elle ne peut rassembler autour d'elle : aimer, aimer davantage. On pense à Saint Paul : "N'ayez aucune dette envers personne, sinon celle de l'amour mutuel."
Puis le Seigneur choisit de rappeler soudain notre sœur, au soir d'une bonne journée où elle a pu revoir les parents d'une arrière petite-nièce qui attend son premier enfant…
Pour sa famille, pour notre communauté, c'est sans doute un ultime message, tout tourné vers l'avenir.